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- En Mauritanie, l’affaire des biens détournés au cours de la décennie
2009-2019 prend une nouvelle tournure avec la constitution, mardi 25
août 2020, de 60 avocats en partie civile chargés de «récupérer l’argent
du peuple.»
Le collectif des avocats mandatés par l’État mauritanien, qui s’est
constitué partie civile, pour «défendre ses droits», est dirigé par Me
Ebety, nouvellement porté bâtonnier de l’Ordre national des avocats.
Outre les dizaines d’avocats venant d’horizons politiques divers, il
comprend tous les anciens bâtonniers de l’ordre (Me Diabira Maroufa, Me
Diallo Yacoub, Me Mahfoud Ould Bettah, Me Hindi, Me Khalifa, etc.).
Lors d’une conférence de presse organisée au Palais des Congrès de
Nouakchott pour annoncer la naissance de ce Collectif, un communiqué lu
par un de ses membres précise que la polémique sur l’immunité de
l’ancien président est «tranchée» à l’échéance du mandat présidentiel et
qu’il peut bien être jugé pour des actes «détachables» n’ayant aucun
rapport avec la fonction qu’il occupait.
«Au terme de son mandat, un ancien président redevient un simple
citoyen, justiciable, contre lequel un procès public peut être intenté
devant les tribunaux ordinaires», martèle Me Yarba Ould Ahmed Saleh, qui
se réjouit de ce que le Parquet ait respecté les délais légaux de «la
garde à vue».
À son tour, le bâtonnier de l’Ordre National des Avocats, chef du
collectif, Maître Brahim Ould Ebety, a affirmé que le refus de l’ancien
président de coopérer avec les enquêteurs «hypothèque sérieusement ses
possibilités de défense.»
Le bâtonnier a ajouté que des institutions étatiques telles que la
Société Nationale Industrielle et Minière (SNIM), la Zone Franche de
Nouadhibou, le ministère des Finances et le Port Autonome de Nouakchott
ont déposé leurs plaintes dans cette affaire aux multiples facettes,
mais en décidant de «s’unir dans le cadre d’une action conjointe» au nom
de l’Etat mauritanien, en sa qualité de plaignant.
Maître Ould Ebety a souligné que la commission parlementaire «a
recueilli des informations», ce qui constitue un bond qualitatif de
grande ampleur puisque son rapport a été transmis à la justice, mais que
les investigations sont loin d’être finies. «Ce n’est qu’une recherche
préliminaire qui a permis de collecter de précieuses informations, en
attendant de passer à l’étape des confrontations entre les suspects»,
dira-t-il.
Il précisera que l’État mauritanien compte «récupérer
tout l’argent du peuple», et le Collectif des avocats «attend la
qualification par le ministère public de l’affaire et la juridiction à
laquelle elle sera renvoyée» pour entrer réellement en action.
Par Mohamed Sneïba, Correspondant permanent - Nouakchott