Le360afrique -
La longue garde à vue de Mohamed ould Abdel Aziz, qui aura duré une
semaine a fait débat et lancé une polémique entre juristes. Trois
d'entre eux, deux avocats et un magistrat, expliquent les tenants et les
aboutissants de cette garde à vue prolongée, suivie de la libération de
l'ancien président.
Maître Lô Gourmo Abdoul, membre éminent du collectif d'une soixantaine
d'avocats commis par l’Etat dans cette affaire aux ramifications
tentaculaires, se félicite de la fin de la mesure de garde à vue, qui
est allée, selon lui, "dans le sens du respect des dispositions légales,
en faveur des desquelles tous les démocrates épris de paix et de
justice mènent un combat constant depuis plusieurs dizaines d’années".
Cet avocat, qui est aussi professeur universitaire en France, tient à
être rassurant au sujet de la poursuite de l’enquête, afin que justice
soit rendue, et pour permettre à l’Etat, dont le collectif défend les
intérêts, de récupérer les biens qui auraient été spoliés.
Mohamed ould Abdel Aziz, le précédent président mauritanien durant deux
mandats, de 2008 à 2019, a en effet été gardé à vue dans les locaux de
la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) à Nouakchott pendant
la semaine du 17 au 24 août, puis remis en liberté.
Au cours de cette détention préventive, Mohamed ould Abdel Aziz a été
interrogé par la police chargée de la répression des infractions à
caractère économique et financier, dans le cadre d’une procédure
d’enquête préliminaire qui avait été ouverte suite à la transmission à
la justice, le 5 août dernier, du rapport d’une Commission d’enquête
parlementaire (CEP), dénonçant des faits de «corruption» sous son
régime.
En cause, l’attribution "irrégulière" de pas moins de 109 marchés
publics dans les domaines de l’énergie, des infrastructures et divers
autres actes de malversations présumées dans la gouvernance.
Me Lô Gourmo a en outre tenu à préciser à l’opinion publique
mauritanienne, que la remise en liberté de l’ancien chef de l’Etat
n'équivaut pas du tout à une fin de l’enquête menée par cette brigade
spéciale de la police mauritanienne.
De son côté, maître Mohamed Lemine ould Abdel Hamid, membre du collectif
des avocats de l’Etat, a abondé dans le même sens que son confrère, au
sujet de cette enquête qui vient tout juste de débuter, et qui sera
longue, mais dont il est absolument certain, estime-t-il, qu’elle
débouchera sur une un épilogue favorable à son client, l’Etat de
Mauritanie, "dépouillé de ses deniers et biens".
Vadily ould Nagi, magistrat de formation, apporte quant à lui un
éclairage sur les dispositions de la loi anti-corruption promulguée en
2016, en relation avec les délais de garde à vue.
Son discours laisse apparaitre de légères divergences avec la lecture
qu'en a fait le Parquet de Nouakchott, qui dans son décompte, n’aurait
pas tenu du caractère franc desdits délais, soit 48 heures renouvelables
deux fois, et qui, selon ce magistrat, permettaient de prolonger cette
période pendant 14 jours.
Cependant, ce magistrat estime que la loi, qui protège toutes les
parties, notamment la personne faisant objet de l’enquête préliminaire, a
été globalement respectée.
Par notre correspondant à Nouakchott
Cheikh Sidya
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