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(....) L’Imam, qui a dirigé le Haut Conseil islamique du Mali (HCIM) de
janvier 2008 à avril 2019, est aujourd’hui considéré comme le «
religieux le plus populaire et l’homme public malien le plus influent ».
Actuellement à la tête d’une Coordination des mouvements, associations
et sympathisants de l’Imam Mahmoud Dicko (Cmas), un groupe à mi-chemin
entre l'action religieuse et la politique, l’Imam est de l’avis de tous
l’un des rares hommes publics maliens dont l’avis est incontournable
dans bien des domaines.
Ce natif de Tombouctou en 1954, issu d'une famille de lettrés musulmans,
est le fils d'un érudit peul et d'une femme arabe appartenant à la très
réputée tribu des Kountas, considérés comme les « dépositaires » de la
voie soufie de la Kadririya dans le Grand Sahara et l'Afrique de
l'Ouest.
Après un apprentissage initial du Coran et de la langue arabe auprès de
sa famille et de grands maîtres de sa région natale au Mali, il se rend
en Mauritanie alors qu'il a à peine seize ans. Installé à Boutilimit,
petite cité en plein désert située à 150 kilomètres à l'est de
Nouakchott, la capitale, il s'y inscrit à l'Institut des études
islamiques, un établissement construit par la France, alors puissance
coloniale, en 1956. C’est le premier établissement du genre fondé en
Afrique de l'Ouest qui dispose a cette époque d'un double programme
scolaire moderne et religieux. Cet institut, dont la réputation dépasse
déjà largement la sous-région, accueillait des étudiants venant du monde
entier, y compris des Occidentaux.
L’un d’entre-eux, un Français plus ou moins connu alors dans le monde du
cinéma pour ses choix « bruts et sauvages » devient son ami : Serge
Bard, rebaptisé Abdullah Siradj après sa conversion à l’Islam à la fin
des années 1960 lors d’un voyage en Algérie. Fondateur du collectif «
Zanzibar », Bard a déjà trois films à son actif : Ici et maintenant, en
mars et avril 1968, Détruisez-vous (Le Fusil silencieux) et Fun and
Games for Everyone, film dont Henri Alekan signe la photographie.
« J’étais très jeune. À l’époque, il n’y avait ni routes, ni transports,
ni papiers d’identité. J’ai traversé toute la Mauritanie à l’ancienne. À
la nomade. À dos de chameaux. J’ai été à Oualata, Nema, Timbedra,
Aioun, Kiffa, et enfin Boutilimit. C’était magnifique. J’ai beaucoup
appris là-bas. J’y ai rencontré de vrais maîtres mais aussi d’excellents
élèves et étudiants dont je garde le meilleur des souvenirs comme mon
ami français Abdulah Siradj ».
Après son séjour en Mauritanie, Mahmoud Dicko se rend en Arabie
saoudite, où il s’inscrit à la célèbre université de Médine, considérée
comme le grand centre de diffusion de l’Islam wahhabite. La doctrine
officielle du royaume des Saoud. S’est-il converti à ce courant lors de
ce séjour ?
L’Imam Dicko, qui par le passé s’était déclaré publiquement « wahhabite
», ne le dit plus. Ses amis qui aiment rappeler son opposition «
radicale à toute violence » préfèrent le décrire comme « un simple
musulman » ou un « islamiste centriste ( c’est-à-dire modéré) sinon « un
salafiste quiétiste comme tant d’autres de même obédience ».
APA-Bamako (Mali) Envoyé spécial : Lemine Ould M. Salem
LOS/id/te/APA